Portraits vignerons

A la rencontre des hommes et des femmes de talent.
Le Languedoc Cœur d’Hérault, c’est en outre un vignoble ensoleillé et abrité par les reliefs, particulièrement favorable à l’élaboration de grands vins. La destination se distingue d’ailleurs par sa quête de l’excellence. Le territoire viticole recèle en effet des appellations de qualité, dont la réputation n’est plus à faire.
Quant aux vignerons, ils portent haut les couleurs des traditions du « Languedoc, Cœur d’Hérault » : la générosité et la convivialité. Véritables passionnés, ils vous feront partager leurs savoir-faire millénaires, auxquels ils sont fondamentalement attachés.
Pour cette année, nous sommes partis à la rencontre d'un domaine qui vient fraichement de s'installer en Vallée de l'Hérault et qui présente sa première cuvée au concours des vins : le mas du Cayre !
Présentez-vous. Quel est votre parcours et pourquoi le vin ?
Je m’appelle Nathalie et je suis native de Gignac. J’ai grandi dans les vignes car mon père était viticulteur, puis j’ai choisi de faire des études supérieures agricoles (ingénieur agricole à Toulouse). D’abord orientée vers l’élevage je suis finalement revenue vers la vigne pour terminer mon cursus avec un diplôme d’œnologue.
De mes souvenirs d’enfance à aujourd’hui, j’aime quand mon père ouvre une bouteille de vin, la commente, la déguste. Il finit toujours sa dégustation par une bouteille de Gignac où de Montpeyroux en ne la commentant pas cette fois, pour laisser ses amis terminer par un « elle est bonne ! ».
Mon mari, Pierre, est Ardéchois. Il a travaillé dans de nombreux corps de métiers : agriculture, maçonnerie, mécanique. Après avoir fait plusieurs saisons en cave coopérative en Ardèche, il a souhaité se mettre à son compte. Après notre mariage, il a repris l’exploitation de mon père qui souhaitait lever le pied avant de préparer sa retraite.
Pour ma part, après 12 ans à conseiller les vignerons de Faugères et de Côtes de Thongues (à la Chambre d’agriculture de l’Hérault) j’ai enfin sauté le pas pour rejoindre mon mari dans l’exploitation familiale. Nous avons eu ensemble le projet de vinifier une partie des vignes pour élaborer notre propre vin et mettre enfin en pratique mes connaissances et ses compétences.Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
C’est très varié ! Dans la même journée on va travailler à la vigne, faire un soutirage à la cave, préparer des outils de communication, réceptionner une livraison, remplir un dossier, faire de la comptabilité… Le tout en gardant en tête la suite car la vigne pousse vite et qu’il ne faut pas se mettre en retard ! On travaille en couple et le plus important est de bien communiquer pour s’organiser, ne rien oublier et aller dans le même sens.
Avez-vous rencontrer des difficultés lors de votre installation ?
Oh oui ! Il faut être très motivé, notamment face à l’administration française. Notre projet a démarré il y a plus de quatre ans avec le dépôt de notre 1er permis de construire. En effet, pour faire du vin il nous fallait une cave. Après deux refus nous avons enfin obtenu les autorisations administratives mais il y a eu plusieurs crises majeures : COVID, guerre en Ukraine…Le manque de matières premières nous a encore fait perdre un an. Nous avons dû nous adapter car nous n’avions pas de cave pour vinifier le millésime 2022. Heureusement, mon mari et moi sommes motivés, obstinés, voire acharnés et un peu ingénieux ; grâce aussi au soutien de notre entourage nous y sommes arrivés petit à petit.
Pourquoi avoir choisi de faire du vin ici, en Vallée de l’Hérault ?
Le choix s’est imposé à nous de par l’histoire familiale. Depuis toujours, en famille, alors que mon père était coopérateur nous disions qu’il faudrait vinifier le tènement du Cayre car le terroir est exceptionnel. Mon mari est tombé amoureux du site et du terroir lorsque je lui ai fait visité le lieu pour la première fois. La dégustation de certains vins locaux nous a conforté dans notre choix pour des vins de qualité.
Quelle est votre cuvée la plus représentative du terroir et pourquoi ?
La cuvée Cal Cayre pour moi met le terroir à l’honneur. En effet, il s’agit d’un assemblage équilibré entre les trois cépages emblématiques des AOP de la vallée : syrah, grenache noir et mourvèdre. Chaque cépage fait ressortir des éléments du terroir : fruité, épicé, fin et gourmand.Comment se déroule la journée type d’un vigneron, d’une vigneronne ?
La journée d’un vigneron démarre tôt, souvent au lever du soleil, voire avant. C’est le cas pour mon mari qui fait la majorité des travaux mécanisés à la vigne. La mienne démarre un peu plus tard, car nous avons deux enfants en bas âge. Ensuite ça s’enchaine, à la fois sur le terrain, avec un travail parfois physique mais aussi beaucoup de tâches administratives. Il faut une bonne dose d’organisation pour ne rien oublier !
Si vous étiez un cépage, lequel seriez-vous ?
Je serai le mourvèdre, comme lui, je suis bien ici : les pieds dans l’eau et la tête au soleil !
Une anecdote à nous raconter ?
Après avoir fait trois rangées pour notre première matinée de vendange à vinifier, la machine est tombée en panne. Nous vendangeons tôt le matin (5h30) pour conserver un maximum de fraicheur des raisins jusqu’à la cuve. Mon mari et mon père ont dû trouver la panne à la frontale et démonter la machine à la vigne pour que j’aille chercher la pièce dès l’ouverture du magasin afin que le raisin ne s’échauffe pas trop… De quoi rajouter le brin d’adrénaline qu’il nous manquait à ce moment-là ! Finalement nous avons pu changer la pièce à temps et reprendre la vendange. Le reste des vendanges s’est heureusement bien déroulé.